Le mystère de la fortune des Wildenstein : entre fraude fiscale et procès en appel

La saga judiciaire du clan Wildenstein, célèbre famille d’antiquaires aux États-Unis et en France, prend un nouveau tournant alors que leur procès en appel s’ouvre ce lundi 18 septembre 2023.

Accusés de fraude fiscale et blanchiment d’argent, ils doivent faire face à une demande des autorités fiscales estimée à plus de 600 millions d’euros.

L’ascension fulgurante du clan Wildenstein

Fondée par Nathan Wildenstein en 1851, la dynastie s’est bâtie sur plusieurs générations grâce à leurs talents pour vendre des tableaux rares et précieux. Nathan, Georges puis Daniel Wildenstein ont développé leur activité pour devenir les meilleurs marchands d’art au monde. Les Wildensteins possèdent également Xanadu, une île située dans les Caraïbes, et dirigent une écurie de course hippique.

Les déboires judiciaires et un héritage contesté

Derrière ces successions de richesses se cachent des femmes qui se sentent flouées. En 1999, après son divorce avec Alec Wildenstein – fils aîné de Daniel Wildenstein – sa femme révèle des informations compromettantes concernant des actifs cachés dans des trusts. Des batailles juridiques s’ensuivent, mettant en lumière les rouages financiers complexes mis en place par la famille.

  • Non-déclarations fiscales : Les héritiers Wildenstein sont accusés de ne pas avoir déclaré la majorité d’un patrimoine estimé à plusieurs milliards d’euros, comprenant un ranch au Kenya, des tableaux de Bonnard, Fragonard et Caravaggio, des chevaux de courses et des galeries d’art.
  • Impôts éludés : Selon les autorités fiscales françaises, qui réclamaient 550 millions d’euros pour évasion fiscale et pénalités en 2014, ces actifs auraient dû être inclus dans leurs déclarations successives.

Un procès en appel aux multiples rebondissements

Le patriarche Guy Wildenstein, principal détenteur de la fortune familiale, ainsi que son neveu Alec Jr. et son ex-belle-sœur Liouba Stoupakova, doivent se présenter devant la cour d’appel de Paris. Deux avocats, un notaire et deux gérants de fonds sont également mis en cause. Pour l’avocate du clan, Olinka Malaterre, « après deux acquittements successifs en faveur de Guy Wildenstein, nous sommes confiants quant à la décision à venir ».

Cependant, le procès en appel s’annonce complexe, avec un focus sur le décryptage précis du fonctionnement des trusts Sons Trust, David Trust, Delta Trust et Sylvia Trust. Plusieurs procédures civiles concernant d’importants redressements fiscaux sont également en cours contre les héritiers.

Des acteurs clés sur le banc des accusés

Le procès met également sous les feux de la rampe d’autres protagonistes, notamment :

  • Sylvia Wildenstein et Liouba Stoupakova : veuves et épouses en secondes noces du patriarche Daniel et de son fils Alec Senior. Elles ont engagé cette bataille juridique pour leur part d’héritage.
  • Peter Altorfer : avocat suisse âgé de 70 ans, jugé comme protecteur des trusts pour complicité et blanchiment aggravé en relation avec la fraude fiscale. Son conseil, Me Jean-Yves Dupeux, soutient qu’il n’avait absolument aucune connaissance des lois fiscales françaises.

Alors que ce nouveau chapitre s’ouvre dans l’affaire Wildenstein, il reste à voir si la justice parviendra à dénouer les méandres complexes des structures financières mises en place par les héritiers et si la fortune de cette dynastie se verra affectée par les décisions à venir.