Le pourcentage de travailleurs rémunérés au salaire minimum, majoritairement des femmes, ne cesse d’augmenter année après année.
Indexé sur l’inflation, il est passé d’un montant net de 1 230,60 euros à 1 398,69 euros en trois ans depuis le 1er janvier 2024. De plus en plus de travailleurs se retrouvent ainsi rattrapés par le salaire minimum, entraînant une compression de l’échelle salariale vers le bas.
Quand nous avons vécu la désindustrialisation il y a environ dix ans, nous avons choisi de renforcer notre compétitivité en accordant des avantages fiscaux aux entreprises pour les bas salaires, analyse Anne-Sophie Alsif, économiste en chef chez BDO economic consulting firm.
Une évolution des rémunérations sous pression
Cependant, selon la Direction pour l’Animation de la Recherche des Études et des Statistiques, les employés situés dans les deux premiers déciles – c’est-à -dire les 20 % des travailleurs ayant les revenus les plus faibles gagnant moins de 1 591 euros nets par mois – ont vu leur rémunération augmenter de 5,2 % en 2022.
« Il y a un effet d’illusion », note Éric Heyer, économiste à l’OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques). « Le salaire de base reste au niveau du SMIC, mais la rémunération globale le dépasse grâce aux politiques de bonus des entreprises. »
Des négociations annuelles obligatoires très attendues
En pleine crise de l’inflation, « les employeurs n’ont accordé des augmentations générales que par crainte que l’inflation ne baisse et que les salaires restent durablement élevés », souligne Éric Heyer.
Les entreprises ont utilisé les incitations fiscales et les aides mises en place par le gouvernement « pour soutenir le pouvoir d’achat des ménages. Cela a finalement permis aux bas salaires de suivre à peu près l’inflation », ajoute Anne-Sophie Alsif.
Les travailleurs bénéficiant de ces accords ne recevront plus aucune autre rémunération que leur salaire de base, souvent proche ou légèrement supérieur au SMIC, sauf si les entreprises acceptent lors des négociations annuelles obligatoires d’accorder des augmentations significatives capables de compenser la valeur des bonus. Autrement, les employés pourraient perdre encore plus en termes réels, conduisant potentiellement à une crise sociale, selon Éric Heyer.
- Le taux de travailleurs au SMIC a atteint 17,3 % en 2024.
- De nombreuses femmes touchent le salaire minimum.
- Les bonus d’entreprise masquent une stagnation des salaires de base.
Le cas des branches professionnelles avec un salaire minimum inférieur au SMIC
Selon le Ministère du Travail, aujourd’hui, il existe 34 branches professionnelles avec un salaire minimum inférieur au SMIC. Certaines d’entre elles seront reçues par Olivier Dussopt, ministre du Travail et de l’Emploi et de l’Insertion, début 2024, dans le but de remédier à cette situation.
Cette question du salaire minimum en France est cruciale pour garantir un niveau de vie décent aux travailleurs les moins rémunérés et limiter les inégalités sociales. Les négociations annuelles obligatoires entre employeurs et organisations syndicales seront déterminantes pour connaître l’évolution de la répartition des rémunérations et lutter contre la hausse du nombre d’employés touchant le SMIC.
il faudrait bloquer 100 produits de base sans tva pour permettre aux plus pauvres de respirer un peu