La mise en place d’un examen médical obligatoire pour conserver le permis de conduire refait surface.
Face à l’augmentation des accidents de la route impliquant des personnes âgées, le débat revient encore. Quelle est l’utilité réelle de cette mesure et quelles sont ses limites ?
Des accidents récents relancent le débat
Récemment, plusieurs accidents mortels ont été causés par des conducteurs d’un certain âge. Ces incidents mettent en lumière la question de l’aptitude à la conduite des seniors et remettent en cause l’idée du permis de conduire à vie en France. Ainsi, certains militent pour la mise en place d’examens médicaux obligatoires pour tous les conducteurs, avec des périodicités adaptées selon l’âge.
Une mesure déjà existante dans certaines situations
Aujourd’hui, un examen médical peut être exigé pour conserver son permis dans des cas précis, comme la suite d’infractions graves ou un signalement d’inaptitude par un proche. Dans ce dernier cas, le préfet peut demander au titulaire du permis de se soumettre à une évaluation auprès d’un médecin spécialisé. L’idée serait donc d’étendre cette procédure à titre préventif pour tous les conducteurs dès un certain âge.
Mais est-ce vraiment efficace ?
- Les résultats des pays ayant mis en place cette mesure sont mitigés, selon Pierre Lagache, vice-président de la Ligue contre la Violence routière. La Suisse, l’Allemagne et l’Espagne imposent par exemple des contrôles médicaux à partir d’un certain âge, sans pour autant constater une baisse significative des accidents impliquant des seniors au volant.
- Les médecins sont également limités dans leurs évaluations : ils peuvent déceler des problèmes de santé ou des effets secondaires de traitements rendant dangereuse la conduite, mais ne peuvent pas connaître les comportements réels du conducteur sur la route ni anticiper ses violations potentielles du code de la route.
Stigmatisation ou réalité ?
Le débat autour de l’âge et de l’aptitude à conduire contribue à stigmatiser les personnes âgées. Pourtant, selon les statistiques de l’Observatoire National interministériel de la Sécurité Routière (ONISR), si les seniors sont surreprésentés dans les chiffres de mortalité sur les routes, leur situation n’est pas forcément plus préoccupante que celle des jeunes conducteurs – bien au contraire.
- En 2022, les 75 ans et plus représentaient 15,2 % des tués sur les routes, un chiffre supérieur à celui des 65-74 ans et des 55-64 ans, mais inférieur à celui des 18-24 ans.
- L’écart entre ces groupes d’âge s’explique avant tout par les causes des accidents : l’alcool, les drogues et la vitesse sont les principales raisons de décès pour les jeunes, tandis que les seniors se voient confrontés à des problèmes d’inattention ou un manquement au respect des droits de passage.
Par conséquent, il est essentiel de ne pas trop se focaliser sur la question de l’âge, mais plutôt de prendre en compte les facteurs réels affectant la sécurité des conducteurs.