Face à la montée des prix du carburant, le gouvernement a tenté d’apaiser les tensions en incitant les distributeurs à vendre du carburant au prix coûtant.
Cependant, l’impact de cette mesure semble être assez marginal. Alors, est-ce une avancée concrète pour les consommateurs français ou simplement un message politique ? Analysons les détails de cette annonce.
Les efforts des distributeurs pour vendre à prix coûtant
Lors d’une réunion à Matignon le 26 septembre dernier, Elisabeth Borne a réuni les acteurs du secteur de la distribution pour les inviter à baisser les prix du carburant. Selon Matignon, près de 120 000 opérations de vente de carburant à prix coûtant auront lieu dans 4 000 stations jusqu’à la fin de l’année. La ministre a souligné qu’elle souhaitait faire passer des messages simples : baisser les prix, donner plus de transparence sur les marges et aider les Français à trouver les meilleurs prix près de chez eux.
Dès le 29 septembre, les 750 stations-service des hypermarchés E.Leclerc ont commencé à vendre de l’essence « au prix coûtant » quotidiennement, comme anticipé par Michel-Édouard Leclerc lors de son intervention sur X avant la réunion. Carrefour a ensuite fait une annonce similaire pour tous ses supermarchés : « Nous nous engageons à vendre du carburant sans marge tous les jours à partir de ce vendredi et jusqu’à la fin de l’année. »
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Un impact marginal sur le pouvoir d’achat
Mais en réalité, on peut se poser la question de l’impact réel de la vente à prix coûtant sur le pouvoir d’achat des Français. En effet, cette pratique est déjà largement utilisée par les distributeurs comme rappelé par Patrice Geoffron, professeur à l’Université Paris-Dauphine et directeur de l’équipe énergie-climat au sein de l’Agence France-Presse.
Il est important de noter que les marges réalisées sur la vente de carburant par les distributeurs ne sont que de quelques centimes, ce qui ne suffit pas pour compenser les récentes augmentations du prix du pétrole. L’impact de la mesure prise par le gouvernement semble donc bien modeste :
- Les «marges arrière» (marges obtenues dans le cadre d’une remise en fin d’année) permettent aux distributeurs d’afficher un prix « coûtant » devant leur client,
- L’échelle de ces marges est très variable selon les marchés locaux et elles dépendent aussi de la taille et du volume d’achat des différentes enseignes,
- Des marges plus réduites peuvent également être pratiquées lors de promotions spéciales ou pour concurrencer un nouveau distributeur entrant sur le marché,
- Quoi qu’il en soit, cette mesure pourrait toutefois inciter les autres stations-service à s’aligner temporairement sur les prix de leurs concurrents.
Au final, l’impact sur le porte-monnaie des Français risque d’être assez limité. Cela ressemble davantage à une annonce symbolique qu’à un véritable plan d’action pour le pouvoir d’achat des ménages.